mercredi 28 janvier 2015

Bon vent, petite Alphonsine !

Mes pratiques d'écriture ont changé, mes habitudes de lecture avec... et puis j'aime déménager ! Vous me trouverez dorénavant ici, où je mêlerai notes de lecture, textes d'atelier et réflexions diverses.

http://gnossiennes.wordpress.com 

(Comme les gnossiennes de Satie !)

 

mardi 4 novembre 2014

Avertissement

Permettez, c'est un peu en travaux, par ici.
Attention, peinture fraîche !


vendredi 3 octobre 2014

Questions de réception

Les messages ne sont jamais reçus par les destinataires espérés.

Tout message est une bouteille à la mer, soumise aux aléas, et qui dérive en vue d'un potentiel lecteur -- jamais le même, jamais celui auquel on s'attendrait.

mercredi 1 octobre 2014

L'espoir, un peu plus vieux que d'habitude

D'espoir et que vous en dirais ?
C'est un beau bailleur de paroles;
Il ne parle qu'en parabole
Dont un grand livre j'écrirais.

En le lisant je me rirais,
Tant aurait de choses frivoles.
D'espoir, et que vous en dirais ?
C'est un beau bailleur de paroles !

Par tout un an ne le lirais.
Ce ne sont que promesses folles
Dont il tient chacun jour écoles.
Telles études n'élirais
D'espoir, et que vous en dirais ?


Charles d'Orléans

samedi 27 septembre 2014

Réflexion, en passant

Il n'existe pas d'être capable d'aimer un autre être tel qu'il est. On demande des modifications, car on n'aime jamais qu'un fantôme. Ce qui est réel ne peut être désiré, car il est réel.  [...] Peut-être le comble de l'amour partagé consiste dans la fureur de se transformer l'un l'autre, de s'embellir l'un l'autre dans un acte qui devient comparable à un acte artiste.

Paul Valéry, Tel quel.

jeudi 25 septembre 2014

Variation sur un même thème

Des soupirs d'ange admiratifs qu'elle poussait, il ne reste rien, aujourd'hui. La cafetière est sur la table, et les deux tasses pleines à ras-bord. Le café est froid depuis longtemps, mais je laisse tout en place. Rien n'a bougé, rien n'a encore changé. Je me tiens au bord du précipice. L'eau en bas, où le ventre mort des poissons dessine des sourires, m'attendra.

Les seules choses sur lesquelles j'arrive à focaliser mes pensées sont des souvenirs. Cet après-midi d'été où je lui ai fait l'amour. Je sais pas ce qui nous a pris, ce soir-là. Il pleuvait, de ces pluies torrentielles d'été, qui vous purifient la terre. Cela faisait des jours qu'on étouffait. On s'était perdus dans les ruines... et la pluie venant...

On était rentrés, trempés, rieurs, au moins une heure après le groupe, et elle avait fait un scandale à la logeuse pour un rien. C'était comme un jeu, comme une scène de théâtre. Le prétexte ne voulait rien dire. Les plats étaient trop riches, mauvais pour sa ligne de danseuse, quelque chose comme ça... Et on avait pris le café... Depuis, le café, c'était devenu un rituel. C'était une vieille habitude, de le prendre rien qu'à deux et de se dire quelques mots. Même quand il ne restait plus que ça. On ne se disait rien - rien qui en vaille la peine. Mais je me berçais de sa voix, je m'enivrais de la voir.


Aujourd'hui, le café t'attend. Mais t'es pas revenue. Je comprends pas pourquoi tu viens pas.
J'ai marché dans les ruines. Je t'ai cherchée. Je t'ai attendue.

Et l'eau tremble, sous le ballet des méduses et des pieuvres. J'espère qu'elles m'enlaceront avec la même passion que celle que tu avais, quand tu me prenais dans tes bras.

Si tu passes, il y a du café, à la maison.

Le Théâtre des adieux

Sous les lumières des lampions de carnaval, ton sourire a quelque chose du faune.

Dans l'ivresse de la danse, j'ai cru pouvoir  te retenir. Je n'avais pas compris que l'amour durait, le temps d'un éclair — et puis la nuit ! — et qu'il fallait l'accepter tel qu'il était. Sur les reflets du pavé, tes jupons ont souri... et j'ai suivi ton ombre, bien des fois -- ton souvenir -- dans le labyrinthe des rues noires. Mon chapeau s'y constellait parfois de rosée.

N'aie crainte, pourtant : je t'ai réservé une place de choix dans les allées et venues de ma mémoire -- où tu erres toujours, en habit de veuve, pareille au jour où nous nous sommes rencontrées. Mes yeux parcourent, lentement, les sentiers du cimetière où tu aimais passer, et la tombe fraîche, devant moi, est comme une promesse que l'on a figée dans le marbre.  Je porte sur mon dos un lourd cube blanc et noir qui, sous un certain angle, ressemblerait à un dé. Je l'ai ainsi charrié, triste et absurde, à l'ombre des statues -- j'étais devenu l'esclave oublié des secondes chances et des paradis perdus. Je me suis échiné, comme j'ai pu, pour attendrir le génie des lieux... Mais en vain.

Un jour, peu après que tu sois partie, je suis tombé, par hasard, devant une vitrine d'antiquaire, où trônait un vieux pistolet. Je questionnai le commerçant, qui me compte qu'avec, s'était emporté la cervelle un pauvre fou du siècle passé. Je l'achetai avec mes dernières économies, et me convoquai moi-même pour un duel au pistolet...

Mais, relâche !  Je continue mon errance. Longtemps, sans même le savoir, tu en as été le phare. Mais cela ne doit plus durer. Il faut bien achever, alors... Je t'ai envoyé, douce, le velours et l'arme redoutée. Tu en feras assurément meilleur usage que moi.
Les balles ne peuvent rien contre les fantômes, et ne sont pas nécessaires pour faire saigner au Théâtre.

Adieu,