vendredi 5 juillet 2013

Les divagations de Raoul – Il faut juguler le Rêve... !

2 juillet 2013. Après avoir vu La Sylphide de Pierre Lacotte.

J'aurais aimé railler James et sa fâcheuse tendance à l'idéal. L'homme tiraillé entre la femme terrestre, la vie-comme-elle-est, et la femme idéale dans toutes ses promesses, c'est vieux comme le monde. Tout le monde sait que cela finira mal, il aurait dû s'en douter aussi. Et pourtant...

Au fil des expériences, j'ai appris à le juguler, ce qu'il appelle le rêve bleu de nos quatorze ans. Sa petite musique me berce encore un peu, aux pires heures de solitude, mais je l'écoute d'une oreille distraite et je marche – je marche toujours. James aussi semblait en avoir fait son compte : Matthias Heymann en avait fat un homme terrestre, bien ancré dans ses principes. Et puis un esprit vivace s'invite et passe... Evgenia Obraztsova est à la fois omniprésente et insaisissable  – c'est la Femme de ces générations-là, cet oiseau chanteur qui porte la ruine du monde au fond de ses beaux yeux. Elle a le malheur de l'aimer et de lui faire savoir. Et tout ce qui a été établi semble prêt à disparaître, d'un coup. Comme si ce n'était rien.

Ce James-là n'a pourtant pas l'air de l'aimer réellement, cette sylphide : il aime bien plutôt le bouquet de possibles accroché à son corsage. Il aime l'idée de soulever ces voiles – ceux que nous tendons avec tant de soin entre nous et les choses – pour découvrir l'envers du décor...

Et en cela, il m'a semblé si humain, ce jeune homme qui semble prêt à tout perdre et qui détruira jusqu'à sa chimère... par simple curiosité.

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