samedi 13 juillet 2013

Les divagations de Raoul : Je vais avoir l'intention de le faire.

Pourquoi écrit-on ?
Que nous reste-t-il à écrire ?

L'étonnant nihilisme qui te poursuit en toutes circonstances. Comme un regard, ironique et amer – un regard sans illusion – qui se pose, à chaque instant, sur ce que tu fais... et qui fait la moue. 

Pendant longtemps, j'ai renoncé à nourrir des projets autour de l'écriture. 
Ce n'est pas une histoire d'inspiration, c'est autre chose.

Il y a trop de mots, beaucoup trop de mots. Des bêtises, des banalités, à la pelle – partout. Comment justifier que j'augmente ce flot à mon tour ? Ce faisant, j'alimente la grande cacophonie de la littérature – ouvrez les guillemets. Celle qui empêche d'entendre ceux qui en valent la peine. 

Alors quoi ?

C'est peut-être pour faire taire quelque chose... Sceller définitivement de vieilles histoires, dans un petit coffret précieux, à mettre sous clé. Joli cadeau à faire à un enfant – avec la manière de s'en servir... Ce serait un hurlement sculpté par la force des choses un déchirement devenu forme. Ce serait dompté, exorcisé. Ce serait devenu quelque chose qui a du sens... 

C'est important, certes. Mais cela suffit-il ? A l'écrire, peut-être. A dire qu'on l'écrit, en revanche...

Il doit bien y avoir une prétention à quelque part. Pourtant, il n'y a rien que je haïsse plus que les postures ne voulons-nous pas tous être artistes, aujourd'hui, à notre échelle et dans la mesure de nos moyens... ? Alors je n'ai plus cherché à nommer mes silences. J'ai digressé. Mais sans doute y a-t-il bien de la vanité, à prétendre ne pas faire comme tout le monde... 

Car moi aussi, j'aimerais faire quelque chose... prendre de l'ancien pour trouver du nouveau, ou que sais-je - qui, aujourd'hui, plongerait au fond de l'inconnu. pour cela... ? Moi aussi, j'ai un reste d'orgueil d'enfant... du temps où je notais, sur les feuilles de renseignement, que, plus tard, je serai écrivain. Et surtout... Moi aussi, j'ai cette petite histoire qui me hante et que je voudrais déposer quelque part, comme on offre de l'encens aux dieux, avec le secret espoir d'une réponse favorable...

« On m'aimerait si on savait ! » ce genre de choses...

C'est bien la plus grosse perle, sans doute, sur le collier de mes prétentions. 

 ~ * ~ 

Alors j'ai commencé quelque chose. J'ose même en parler, parfois, pour le plaisir d'effleurer le projet d'un geste vague pour le faire vivre un peu, au cas où. Devant les copains, on fait comme si cela avait peu d'importance – avec la désinvolture nécessaire.

Je vais avoir l'intention de le faire... n'est-ce pas ?


 

1 commentaire:

  1. Je voulais être actrice.

    Je suis devenue compositeur. Je ne dis que rarement "auteur"... parcequ'"auteur", c'est un autre métier... Ca ne veut pas dire que je ne l'ai pas quelque peu exercé.. simplement je laisse les autres le dire pour l'instant.
    Mes choix en la matière sont très ciblés, je n'écris quasiment pas de prose, je n'ai pas la tête faite pour inventer des récits... pourtant quand même... il y a ce livret pour mon conte musical qui dort dans mon ordinateur, ce livret qui n'est qu'une ébauche et ne prendra forme que si j'y suis obligée (si le projet se monte).

    Ce sont les autres, qui un beau jour, finissent par te dire que tu "es" ceci ou cela. Que tu es une artiste, que tu es un raté.
    Les gens l'ont fait pour moi, et force est de constater que pour le sujet, il est des gens que j'écoute (les professionnels), et des gens que je n'écoute pas (ceux qui n'y connaissent rien... qui connaissent pourtant au moins, le sentiment que provoquent mes oeuvres en eux... et je ne devrais pas minimiser ça).

    Je voulais faire du théâtre et je méprisais toutes ces pimbêches qui voulaient devenir chanteuses...

    Et je suis devenue chanteuse.

    Ceci dit si on y réfléchit bien, aujourd'hui les dites pimbêches travaillent au mieux dans un bureau, au pire, dans un métier quelconque où elles ne révolutionnent rien du monde.
    Je ne révolutionne pas le monde non plus (pour l'instant ^^). Je révolutionne un monde à la fois, celui de chaque auditeur qui se voit touché par mon travail.
    Un jour une fille que je connaissais peu m'a dit "ta chanson a changé ma vie"...
    Et ce jour-là j'ai compris que rien que pour elle, il était juste que la vie me pousse à m'exprimer. Sa remarque à elle seule justifiait mon activité, même si je devais depuis lors écrire des stupidités, une vie entière se verrait justifiée par une chose si petite, et pourtant si précieuse.

    On me traite de folle parce que je suis ambitieuse.
    Mais la vie me pousse à créer et je n'y peux rien... c'est plus fort que moi, ce n'est pas pour mon égo, j'ai dépassé ce stade. C'est parce que je dois sortir cette énergie de moi pour vivre, sinon elle me consume. (Je le dis souvent.)

    Je le sais, un jour tu publieras.
    Moi aussi d'ailleurs ^^ .. un disque au moins!

    Les créateurs sont parfois à l'avance et en retard en même temps... ils sont déconnecté de la temporalité normale.
    Ecris pour cette personne, même si il n'y en a qu'une, qui te dira "ton livre a changé ma vie". Et si elle ne te le dit pas, crois pourtant que c'est possible, car l'univers entier est basé sur les vibrations par sympathie.

    Tes mots déjà, ont changé mon quotidien à moi.


    Qu'importe les titres, j'étais compositeur avant qu'on admette que je l'étais. Je l'étais alors que je n'écrivais pas... quand ça dormait en moi. Et aucun diplôme n'atteste de cette réalité, pourtant c'est une chose que l'on porte ou que l'on ne porte pas.
    Mozart,tel que nous le voyons aujourd'hui, était déjà compositeur dans nos esprits alors qu'il n'avait pas touché un clavecin ni une plume (bien qu'il n'attendit pas très longtemps après sa naissance au fond... ).

    Donne-toi le droit et l'espace de "faire".

    Crois en tes élans et tes instincts, par le "faire" tu "seras".


    Mais ne laisse pas les règles ou une prétendue prétention te dicter ce qui est à faire ou non.
    Ecris pour toi, pour transcender les énergies qui ont besoin de sortir de toi. Le lecteur dont tu changeras la vie est là, quelque part, ne doute jamais de son existence. Jamais.
    Dis-toi que déjà, il justifie toutes tes démarches, et n'aie pas peur.

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