jeudi 25 septembre 2014

Variation sur un même thème

Des soupirs d'ange admiratifs qu'elle poussait, il ne reste rien, aujourd'hui. La cafetière est sur la table, et les deux tasses pleines à ras-bord. Le café est froid depuis longtemps, mais je laisse tout en place. Rien n'a bougé, rien n'a encore changé. Je me tiens au bord du précipice. L'eau en bas, où le ventre mort des poissons dessine des sourires, m'attendra.

Les seules choses sur lesquelles j'arrive à focaliser mes pensées sont des souvenirs. Cet après-midi d'été où je lui ai fait l'amour. Je sais pas ce qui nous a pris, ce soir-là. Il pleuvait, de ces pluies torrentielles d'été, qui vous purifient la terre. Cela faisait des jours qu'on étouffait. On s'était perdus dans les ruines... et la pluie venant...

On était rentrés, trempés, rieurs, au moins une heure après le groupe, et elle avait fait un scandale à la logeuse pour un rien. C'était comme un jeu, comme une scène de théâtre. Le prétexte ne voulait rien dire. Les plats étaient trop riches, mauvais pour sa ligne de danseuse, quelque chose comme ça... Et on avait pris le café... Depuis, le café, c'était devenu un rituel. C'était une vieille habitude, de le prendre rien qu'à deux et de se dire quelques mots. Même quand il ne restait plus que ça. On ne se disait rien - rien qui en vaille la peine. Mais je me berçais de sa voix, je m'enivrais de la voir.


Aujourd'hui, le café t'attend. Mais t'es pas revenue. Je comprends pas pourquoi tu viens pas.
J'ai marché dans les ruines. Je t'ai cherchée. Je t'ai attendue.

Et l'eau tremble, sous le ballet des méduses et des pieuvres. J'espère qu'elles m'enlaceront avec la même passion que celle que tu avais, quand tu me prenais dans tes bras.

Si tu passes, il y a du café, à la maison.

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