Je n’ai pas en moi l’essence
d’un chef d’œuvre. Il y a pourtant quelque chose qui me dit que je dois
écrire – une pulsion, un élan, vers je-ne-sais-quoi. Je ne me le définis pas
bien. Je multiplie les formes courtes, les paragraphes tronqués, les grandes
histoires sans dénouement. Au-delà, cela ne marche plus.
Parfois, j’en viens à
me demander si ce qui remue si fort, en moi, ce n’est pas la vie – ses petits
mystères, ses drames du quotidien… Souvent, c'est précisément cela que j’aimerais saisir.
Mais l’on tue le faon-le papillon-l’oiseau à vouloir l'attraper ; on le
soustrait à son monde pour le transposer dans un
environnement qui lui est mortifère. Combien de « fragments de vie »,
déjà, combien d’élans que j’ai pu briser à trop vouloir les décrire… ? J’en
oublie de les ressentir, parfois – et cela vibre si bien dans l’agonie que je
puis dire, vraiment, que j’aurais aimé le vivre, pour de vrai.
Il y a pire que cela,
encore : je crois que je n’aime pas tant que ça les livres… du moins ne les aimé-je point pour tout ce qu’ils
pourraient offrir. Je les prends comme de vieux manuels de référence – la littérature
comme leçon de choses (et l’on sait tous les domaines où l’homme n’a jamais
cessé de tergiverser et d’apprendre…). J’y cherche des réponses à mes petits
problèmes, j’y transpose aisément des situations réelle, des exemples, des
souvenirs.
Et j’envisage d’écrire comme cela, petit et simple – à ma taille ;
pour ceux comme moi qui aimeraient vivre davantage et ne le peuvent pas.
... :)
RépondreSupprimerOn reproche souvent à ceux qui écrivent de vivre à travers leur art et de ne pas vraiment vivre.
J'écris il est vrai, mes espoirs, les émotions trop fortes, celles que je ne peux pas toujours exprimer directement dans ma vie.
Mais un jour l'écriture devient cette continuité naturelle de l'expérience concrète.
Un liant entre la vie dans laquelle on croque, et celle, intérieure, qui suit sans arrêt son cours dans l'esprit.